Coup de théâtre au tribunal de première instance de Kaloum ! Le procès de Sékou Kaba, poursuivi pour abus de confiance portant sur plus de 400 000 dollars américains, a pris une tournure inattendue ce lundi 20 octobre 2025. Alors qu’il devait comparaître devant le juge audiencier, le prévenu était introuvable. Selon la partie civile, il se trouverait actuellement en Chine, malgré la confiscation de son passeport par la justice guinéenne.
La plaignante, Kadiatou Biro Diallo (DK) — femme d’affaires bien connue —, accuse Sékou Kaba de lui avoir détourné 400 000 dollars destinés à un achat de marchandises en Chine. À la barre, visiblement éprouvée, elle n’a pas caché sa colère : « Monsieur Kaba est en Chine. Mon avocat est bloqué dans les embouteillages, mais moi je suis là, en train de souffrir. Je vous avais dit de ne pas lui restituer son passeport. Aujourd’hui, il se promène avec mon argent pendant que je ne fais rien », a-t-elle lancé, la voix tremblante.
Prenant la parole, le représentant du ministère public a fustigé l’attitude du prévenu : « Monsieur le président, je vous demande de constater la mauvaise foi de M. Kaba. Il a quitté le pays sans en informer le tribunal. Mais Madame, ne perdez pas espoir. Qu’il soit là ou pas, la justice rendra sa décision dans de bonnes conditions », a-t-il assuré, en tentant de calmer la victime en pleurs.
Le procureur a insisté sur la nécessité de respecter la procédure malgré la situation, évoquant la sensibilité du dossier et l’importance de garantir un verdict équitable.
Le juge audiencier, Ousmane Sylla, a pris acte de l’absence du prévenu mais aussi de celle de Maître Alpha Yaya Dramé, avocat de la partie civile, coincé dans la circulation.
« Même si je suis disposé à rendre la décision aujourd’hui, je ne peux pas le faire. Votre conseil n’est pas là, et le procureur actuellement présent ne connaît pas le dossier. On ne peut pas brûler les étapes », a expliqué le magistrat, avant de renvoyer le dossier au 3 novembre 2025.
À la sortie de l’audience, Maître Alpha Yaya Dramé a apporté des précisions sur l’affaire :
« Ma cliente a confié une importante somme à M. Kaba pour acheter de la marchandise en Chine. L’argent n’a jamais servi à cet usage, ni été remboursé. Une procédure pénale a été engagée, et le prévenu avait son passeport confisqué. Nous ignorons totalement comment il a pu quitter la Guinée », a-t-il déclaré.
L’avocat estime le préjudice global à plus de 4 milliards de francs guinéens, en incluant les pertes économiques liées à l’immobilisation du capital de sa cliente.
L’affaire Kaba contre DK soulève de sérieuses questions sur le contrôle des prévenus sous surveillance judiciaire et la fiabilité des dispositifs de restriction de sortie du territoire. Alors que la plaignante réclame justice et restitution, la fuite du principal accusé risque de ternir davantage l’image de la justice guinéenne, déjà critiquée pour sa lenteur et ses failles procédurales.
Le rendez-vous est pris pour le 3 novembre 2025, date à laquelle la justice devra trancher sur ce dossier à forte valeur symbolique et financière.
Par nimba224.com






