Le procès de l’ancien Directeur Général de la Banque Nationale d’Investissement de Guinée (BNIG), Alpha Mohamed Kallo, et de ses co-prévenus a connu un nouveau tournant ce mercredi 28 mai 2025, devant la chambre des jugements de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). La vedette de l’audience du jour : Maurice Eugène Alecaut, un septuagénaire accusé d’avoir joué un rôle clé dans un vaste système présumé de détournement de fonds publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux.
Selon l’acte d’accusation, Alecaut aurait facilité la mise en place d’un faux prêt destiné à extraire frauduleusement des fonds de la BNIG. La somme en jeu : 1 milliard 500 millions de francs guinéens.
Appelé à la barre, le mis en cause a catégoriquement rejeté les accusations de complicité, tout en reconnaissant avoir sollicité et obtenu le prêt par le biais de son ami, Alpha Mohamed Kallo, alors directeur général de la BNIG.
« J’ai obtenu le crédit pour lancer une ferme avicole à Wonkifong, dans la préfecture de Coyah », a déclaré Maurice Eugène Alecaut.
Mais le juge est allé plus loin, interrogeant sur les transactions entourant cette somme. Le prévenu aurait remis l’intégralité du montant à un certain Amadou Sadjo Bah, en vue de convertir l’argent et de le transférer à un fournisseur basé en Europe, un certain Kaba, chargé de l’achat d’équipements pour la ferme.
C’est à ce moment que le ton de l’audience a changé. Visiblement secoué, Alecaut a commencé à perdre sa contenance. Ses propos sont devenus confus, ses mains tremblaient. Me Gilbert Tohon Camara, son avocat, est intervenu pour signaler l’état de santé de son client et a demandé un renvoi afin de mieux préparer sa défense.
Malgré l’opposition des avocats de la partie civile, la Cour a accédé à la requête. Le procès a donc été renvoyé au mercredi 4 juin 2025, pour la suite des débats.
Ce nouveau développement ajoute un flou supplémentaire à un dossier déjà complexe, où les ramifications financières et les amitiés douteuses entre les prévenus soulèvent de nombreuses interrogations. Une chose est sûre : la CRIEF tient là un procès emblématique de la lutte contre les crimes économiques en Guinée.
Par H. Camara






