Alors que le ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat s’apprête à élargir son ambitieux programme d’assurance maladie à une nouvelle cohorte de 2 000 artistes, la première phase du projet peine encore à atteindre ses objectifs. Malgré la gratuité de cette couverture hospitalière et médicale, seuls 999 bénéficiaires sur les 1 100 ciblés ont récupéré leurs cartes. Un chiffre révélateur d’un manque criant de communication, d’engagement, et de responsabilisation à la fois des autorités et des artistes eux-mêmes.
Face à cette situation préoccupante, le ministre Moussa Moïse Sylla, lors d’une conférence de presse tenue le lundi 19 mai, n’a pas caché son amertume :
« Nous avons du mal à faire passer le message à nos frères et sœurs artistes. Les cartes sont prêtes, imprimées, et pourtant les bénéficiaires ne viennent pas les récupérer », a-t-il regretté.
Le ministre a appelé les médias à relayer massivement l’information pour éviter que cette initiative salutaire ne tombe dans l’oubli ou l’échec administratif. Car si la première vague de 1 100 cartes n’atteint même pas son seuil de distribution, qu’en sera-t-il de la prochaine, qui vise 2 000 artistes supplémentaires ?
Si l’indifférence de certains artistes est à déplorer, la responsabilité du ministère ne peut être éludée. Le projet, bien que pertinent sur le fond, souffre d’un déficit de proximité, de pédagogie et d’implication des structures déconcentrées. Une carte d’assurance maladie ne se limite pas à une impression ou à une remise administrative : il s’agit d’un outil social qui doit être compris, valorisé et réclamé par ses bénéficiaires.
En réalité, c’est toute la chaîne de communication institutionnelle qui montre ses limites. Trop souvent, les politiques publiques culturelles sont conçues sans concertation ni sensibilisation réelle des premiers concernés. Le fait que plus de 100 artistes identifiés ne soient même pas au courant ou ne mesurent pas l’importance de cette carte est un échec de gouvernance et de suivi, autant qu’un problème de réceptivité sociale.
Pour éviter un échec plus large, le ministère compte désormais sur NSIA Assurance pour mettre en œuvre une stratégie de communication, en coordination avec les inspections régionales. Une démarche saluée, mais qui aurait dû être initiée dès la première phase du programme.
Tant que les bénéficiaires ne comprendront pas clairement les avantages liés à cette carte – consultations, hospitalisations, prise en charge partielle ou totale – et tant que les autorités ne renforceront pas la proximité et la pédagogie sur le terrain, ce projet restera un outil sous-exploité, voire un simple effet d’annonce.
Donner des droits sociaux aux artistes, c’est bien. Mais encore faut-il savoir les leur faire comprendre et en assurer l’accès réel. Car une carte d’assurance non retirée, c’est une politique publique inachevée.
Par Ousmane Bangoura






