Ce qui se déroule sous les yeux de tous, dans l’enceinte même de la plus grande mosquée du pays, est aussi préoccupant que choquant. La cour de la Grande Mosquée Fayçal de Conakry, haut lieu de spiritualité et de recueillement, est en train de se muer progressivement en un véritable marché informel. Étals de fortune, vendeurs ambulants, cris de commerçants… Un décor qui jure avec la solennité et la sacralité des lieux.

Cette dérive préoccupante se déroule dans une indifférence quasi totale des autorités religieuses censées protéger l’intégrité et la dignité de cet espace sacré. Le laisser-faire qui s’y installe soulève des interrogations sur la gouvernance des lieux de culte dans la capitale, et plus largement sur le respect dû aux institutions religieuses.
La mosquée, lieu de piété, ne saurait devenir un espace de transactions profanes, encore moins un carrefour d’activités commerciales bruyantes et inappropriées. Si certaines pratiques tolérées autour des lieux de culte peuvent s’expliquer par des besoins sociaux ou économiques, leur intrusion dans l’espace même de la mosquée constitue une ligne rouge franchie.

La transformation de la cour de Fayçal en marché n’est pas un simple fait divers. Elle symbolise une banalisation inquiétante du sacré et interpelle sur la nécessité d’un sursaut collectif pour restaurer l’ordre, la décence et la sacralité de ce site emblématique.
Les autorités religieuses doivent sortir de leur mutisme, et les pouvoirs publics, en collaboration avec la Ligue islamique, doivent prendre leurs responsabilités. Car laisser prospérer de telles pratiques malsaines à l’ombre du minaret, c’est entériner un désordre qui menace l’image même de l’islam en Guinée.
Par Ousmane Bangoura






