dimanche, novembre 9, 2025
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Santé en Guinée : le projet PASS lancé, mais les hôpitaux continuent d’arnaquer les malades au prix de leur vie

CONAKRY — Alors que le système de santé guinéen croule sous les plaintes liées à la corruption, aux arnaques et au manque de compassion dans les hôpitaux, le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique a lancé ce mardi 7 octobre 2025, à Conakry, le Projet d’Appui au Secteur de la Santé (PASS). L’initiative, étalée sur trois jours (du 6 au 8 octobre), réunit plusieurs cadres du ministère, des acteurs du corps médical et des partenaires techniques et financiers.

Dans une atmosphère mêlant espoir et scepticisme, le ministre de la Santé, Dr Oumar Diouhé Bah, a procédé au lancement officiel du projet. Il a rappelé que le PASS vise à corriger les insuffisances criantes du système sanitaire guinéen, à travers des investissements structurants :

« Le projet a été conçu pour transformer qualitativement notre système de santé à travers des investissements innovants, notamment la création d’un Institut national de cancérologie doté d’une unité de radiothérapie, la construction d’un centre de régulation des urgences (SAMU), et de deux centres régionaux de transfusion sanguine à Kankan et N’Zérékoré », a expliqué le ministre.

Mais au-delà des annonces ambitieuses, les réalités du terrain demeurent alarmantes. Dans de nombreux hôpitaux publics du pays, les patients continuent d’être victimes de pratiques abusives : exigence de paiement avant toute prise en charge, vente illégale de médicaments, absence d’assistance pour les cas d’urgence, et indifférence face à la détresse humaine.

Des malades meurent encore faute d’argent, pendant que certains soignants privilégient leurs intérêts financiers à la vocation médicale.

Le ministre a cependant insisté sur le caractère collectif du projet et la volonté de redonner confiance aux citoyens :

« Le PASS est un engagement collectif et une promesse envers notre peuple. Sous la direction éclairée du chef de l’État, nous allons bâtir un système de santé rénové, inclusif et performant, où chaque patient sera pris en charge avec dignité », a-t-il assuré.

Pour sa part, Dr Robert Condé, coordinateur national des projets sous financement de la Banque islamique de développement (BID), a salué le caractère structurant du programme :

« Ce projet va permettre à la Guinée de disposer pour la première fois d’un dispositif moderne pour le traitement du cancer, réduisant ainsi les évacuations sanitaires coûteuses », a-t-il indiqué.

Le représentant de la BID, Cheick Kader Diallo, a confirmé un financement global de 52,9 millions d’euros, dont 48,05 millions de la BID et 4,85 millions de l’État guinéen.

« Ce partenariat illustre notre engagement commun pour un système de santé plus solide et plus résilient », a-t-il souligné.

Le PASS constitue sans nul doute un pas important vers un système sanitaire plus efficace. Mais il ne pourra produire ses effets que si les comportements malsains observés dans les structures hospitalières — l’appât du gain, la corruption et le manque d’humanité — sont combattus avec la même rigueur que la maladie elle-même.

Car en Guinée, la véritable urgence n’est pas seulement médicale, elle est morale : redonner à la blouse blanche son sens premier — servir et sauver des vies, non les monnayer.

 

 

Par Ousmane Bangoura

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