Conakry, 12 octobre 2025 — Invité ce dimanche sur un plateau de télévision, le ministre porte-parole du Gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, s’est exprimé sans détour sur la participation de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) à la prochaine élection présidentielle prévue le 28 décembre 2025. Selon lui, la participation du parti est acquise, même si son leader historique, Cellou Dalein Diallo, devait être écarté de la course.
Au-delà de la question électorale, l’ancien député de Gaoual a levé le voile sur les tensions internes qui minent le parti, évoquant notamment des problèmes de gouvernance, de transparence financière et de documents irréguliers soumis aux autorités.
D’entrée de jeu, Ousmane Gaoual Diallo s’est voulu clair : « L’UFDG fera partie du processus, c’est peut-être Cellou qui ne sera pas candidat. C’est tout. Le parti, on est déjà là, et nous sommes nombreux à y être. Moi, je l’ai dit depuis trois ans : nous soutenons le Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, en tant que parti. Certains m’ont critiqué pour cela, mais je reste cohérent. Aujourd’hui, la majorité des responsables et militants du parti se considèrent dans la mouvance, pas dans l’opposition. »
Le ministre a ainsi confirmé le ralliement progressif d’une frange importante de l’UFDG à la dynamique politique impulsée par le CNRD.
Revenant sur la situation interne du parti, Ousmane Gaoual Diallo a dénoncé la tendance à associer le destin du parti à la seule figure de son fondateur : « Le parti doit prendre ses responsabilités et participer au processus électoral. Ce n’est pas parce que son président n’est pas candidat que tout doit s’arrêter. On peut avoir des députés, des maires, des présidents de district ou de quartier. Refuser d’aller aux élections sous prétexte que Cellou n’est pas là est une faute morale et politique. »
Une déclaration qui, selon plusieurs observateurs, marque une rupture idéologique claire entre l’aile institutionnelle du parti et ses anciens dirigeants historiques.
Interrogé sur la suspension de l’UFDG par le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), le ministre a affirmé que la question dépasse largement le simple non-respect du calendrier des congrès.
« Il n’y a pas que le problème du congrès. Il y a un problème financier. Depuis des années, le parti n’a pas été capable de présenter un compte bancaire clair retraçant ses mouvements financiers. C’est un vrai problème de transparence », a-t-il révélé.
Il a également évoqué des irrégularités dans les documents fournis au MATD :
« Un faux document a été transmis, affirmant qu’une convention s’était tenue le 6 septembre 2020 pour reconduire le bureau exécutif. Ce document a été rejeté. De plus, la direction a fourni une liste de 420 membres, alors que les statuts du parti en prévoient 350. Parmi ces 420, près de 70 % ne figuraient même pas dans la liste officielle du dernier congrès de 2015. »
Selon lui, ces anomalies ont conduit les autorités à rejeter l’ensemble des dossiers soumis par le parti, justifiant ainsi la suspension. Malgré ce constat sévère, Ousmane Gaoual Diallo se dit favorable à une restructuration en profondeur de l’UFDG, dans le respect des règles et de la transparence.
« Rien ne nous empêche aujourd’hui de fournir la bonne liste des membres du bureau exécutif et les documents bancaires conformes. Dès que cela sera fait, nous irons sereinement vers un congrès crédible », a-t-il assuré.
Cette prise de position d’Ousmane Gaoual Diallo consacre une nouvelle orientation politique pour l’UFDG, désormais plus proche du pouvoir que de l’opposition traditionnelle.
À un peu plus de deux mois de la présidentielle, ces déclarations risquent d’accentuer les divisions internes au sein du parti, déjà affaibli par les départs et les rivalités autour de la succession de Cellou Dalein Diallo.
Par Ousmane Bangoura
