Conakry, carrefour stratégique de l’eau en Afrique de l’Ouest. La capitale guinéenne accueille depuis ce mardi 24 juin 2025 la 149e session ordinaire de la Commission Permanente des Eaux (CPE) de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS). Pendant deux jours, des experts venus de Guinée, du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie planchent sur des enjeux cruciaux liés à la gestion concertée de l’eau dans le bassin du fleuve Sénégal, à l’heure où le changement climatique impose de nouvelles exigences en matière de planification hydrologique.
Coopération technique autour des barrages et de l’eau potable
Cette session s’inscrit dans la continuité des précédentes rencontres de la CPE, avec pour objectifs principaux : l’évaluation de l’état d’exécution des recommandations antérieures, l’analyse du bilan de gestion des barrages stratégiques de Manantali, Félou, Gouina et Diama, ainsi que l’adoption du nouveau programme de gestion couvrant la période du 6 juin au 21 août 2025.
« Je salue l’esprit de collaboration qui anime cette commission. Grâce à notre travail collectif, nous avons pu dégager une tendance hydrologique globalement normale sur l’ensemble du bassin, un signal encourageant qui nous invite cependant à la vigilance », a déclaré Ahmed El Wavi, président de la CPE, lors de la cérémonie d’ouverture.
Face au climat, des prévisions réactualisées et des stratégies d’adaptation
Au-delà du suivi opérationnel, les discussions abordent aussi les prévisions hydrologiques saisonnières, récemment actualisées en raison des évolutions climatiques constatées. Ces données actualisées serviront à affiner les stratégies de gestion des ouvrages hydrauliques et à anticiper d’éventuelles crues.
« Les nouvelles prévisions vont nous permettre de mieux calibrer notre réponse aux risques. L’adaptation au changement climatique ne peut plus être un simple concept ; elle doit être une pratique opérationnelle au sein de nos États membres », a insisté Niokhor N’dour, Secrétaire Général de l’OMVS.
L’accent est également mis sur la communication avec les populations riveraines pour limiter les impacts des crues, renforcer la résilience locale et garantir un accès équitable à l’eau potable.
Une ressource vitale sous tension
Pour le Haut Commissariat de l’OMVS, la gestion durable de l’eau est aujourd’hui menacée par une pression croissante : croissance démographique, urbanisation rapide, sécheresses récurrentes et pollution.
« Malgré des avancées significatives, les défis restent considérables. L’eau est devenue un enjeu de sécurité humaine, économique et environnementale. Il est crucial d’anticiper, d’innover et de renforcer la gouvernance régionale », a alerté Ahmed Ramdane Sylla, Directeur des infrastructures régionales du Haut Commissariat de l’OMVS.
La Guinée, source du fleuve et acteur stratégique
Fière d’être le pays hôte, la Guinée – qui abrite les têtes de sources du fleuve Sénégal – considère cette session comme une reconnaissance de son rôle central dans l’écosystème de l’OMVS.
« C’est un honneur pour nous d’accueillir cette 149e session. En tant que structure focale, nous nous engageons pleinement à accompagner la CPE pour garantir la réussite de ses travaux », a affirmé Dr Alkaly Camara, Directeur national adjoint de l’hydraulique.
Des perspectives orientées vers l’action
Parmi les points inscrits à l’ordre du jour figurent :
- L’évaluation des prélèvements hydriques de l’année 2024 ;
- L’entretien des axes hydrauliques de la SOGED ;
- L’analyse des résultats de la prévision saisonnière 2025 ;
- Et la planification de la prochaine session de la CPE.
L’OMVS entend également renforcer les capacités de ses experts et améliorer les dispositifs d’anticipation face aux aléas climatiques. En toile de fond, une ambition commune : garantir un partage équitable de l’eau, sécuriser les infrastructures, et faire du fleuve Sénégal un vecteur de stabilité, de paix et de développement pour toute la sous-région.
Par M. Diallo
