mercredi, novembre 19, 2025
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Justice en Sursis : un an après le verdict du 28 septembre, les victimes toujours oubliées

Malgré un verdict historique rendu il y a un an, le procès du 28 septembre piétine. L’indemnisation promise tarde, les recours en appel stagnent, et la grâce présidentielle de Dadis Camara relance le débat sur l’impunité en Guinée.

 

Le 31 juillet 2025 marque le premier anniversaire du verdict très attendu dans le procès du massacre du 28 septembre 2009, au cours duquel plusieurs anciens hauts responsables, dont l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara, ont été condamnés pour crimes contre l’humanité. Mais un an après, le chemin vers une justice complète reste semé d’embûches.

Malgré les engagements publics des autorités, une grande partie des victimes n’a toujours pas reçu l’indemnisation prévue dans le Budget National de Développement. Cette lenteur et ce manque de transparence nourrissent la frustration et le sentiment d’abandon chez les survivants.

« Les critères de sélection des bénéficiaires ne sont ni clairs ni publics. Cette opacité alimente un climat d’injustice et met en péril la cohésion au sein des victimes », alerte Asmaou Diallo, présidente de l’AVIPA, qui dit subir des menaces en raison de son rôle de représentation.

Autre sujet de préoccupation : la grâce accordée par le président de la transition à Moussa Dadis Camara, condamné à 20 ans de prison pour responsabilité de commandement dans les massacres.

« Accorder une grâce à une personne condamnée pour crimes contre l’humanité, sans attendre l’issue des recours, pose un grave problème de respect des engagements internationaux de la Guinée », déclare Me Drissa Traoré, Secrétaire Général de la FIDH.

Pour les organisations de défense des droits humains – la FIDH, l’AVIPA et l’OGDH –, cette décision remet en cause l’intégrité même du processus judiciaire et porte atteinte aux droits fondamentaux des victimes à une justice équitable et complète.

À ces inquiétudes s’ajoute l’inertie persistante autour du procès en appel. Aucun calendrier judiciaire n’a été communiqué, malgré les demandes insistantes des parties civiles.

« L’absence de visibilité sur la suite des procédures crée un climat d’insécurité juridique et compromet le droit à un procès équitable dans un délai raisonnable », souligne Me Alpha Amadou DS Bah, président de l’OGDH et coordinateur des avocats des victimes.

Face à ce blocage, les trois organisations appellent les autorités guinéennes à relancer sans délai les audiences d’appel et à faire de la justice une véritable priorité nationale.

Elles interpellent également les partenaires internationaux de la Guinée – notamment la Cour Pénale Internationale, l’ONU, l’Union Africaine et l’Union Européenne – pour qu’ils renforcent leur soutien à la lutte contre l’impunité et la consolidation de l’État de droit dans le pays.

 

Par Hawa CAMARA

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