Conakry, le 24 juin 2025 — Silence pesant dans les couloirs de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Ce mardi matin, aucune audience ne s’est tenue. À l’origine de ce blocage inédit : un boycott total déclenché par le Barreau de Guinée, en réaction à l’enlèvement et aux violences subies par l’un de ses membres.
Face à l’absence des avocats, la CRIEF a annoncé dans un communiqué officiel la suspension de toutes ses audiences jusqu’au 7 juillet prochain. La juridiction évoque le respect du droit à la défense des prévenus, désormais privés de leurs conseils juridiques. Même les délibérés prévus pendant cette période sont reportés à une date ultérieure.
« Pas d’avocat, pas d’audience » : tel est le mot d’ordre adopté à l’unanimité lors de l’assemblée générale extraordinaire du Barreau, tenue le 23 juin à la Cour d’appel de Conakry.
Lors de cette réunion d’urgence, les avocats guinéens ont voté des mesures radicales. Me Malick Diakité, porte-parole du Barreau, en a livré les grandes lignes :
« Il a été décidé un boycott de deux semaines de toutes les audiences judiciaires, ainsi que des convocations de la police judiciaire. Tout contrevenant s’exposera à des sanctions disciplinaires. Par ailleurs, tous les représentants de la profession dans les institutions de la transition, notamment au sein du CNT, se retirent immédiatement. »
En se désengageant des structures de la transition, le Barreau de Guinée hausse le ton et marque une rupture profonde avec les autorités. Cette crise institutionnelle fragilise le fonctionnement de la justice, notamment au sein de la CRIEF, chargée de juger plusieurs affaires sensibles impliquant des personnalités politiques et économiques de premier plan.
Ce bras de fer entre le Barreau et les autorités révèle un malaise grandissant dans l’appareil judiciaire guinéen, et met en lumière la nécessité urgente de garantir l’intégrité et la sécurité des acteurs de justice.
Par M. Diallo






