Le Burkina Faso amorce un tournant décisif dans sa gouvernance électorale. Lors du Conseil des ministres tenu ce mercredi 16 juillet 2025, le gouvernement de la Transition a adopté un projet de loi portant dissolution de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), une mesure qui sera soumise à l’Assemblée nationale de Transition pour examen.
Selon les autorités, cette décision s’inscrit dans la volonté de “préserver l’intégrité du processus électoral” face à ce qu’elles décrivent comme des influences partisanes et exogènes grandissantes. Désormais, l’organisation des élections incombera directement au ministère de l’Administration territoriale, piloté par le ministre Émile Zerbo.
Celui-ci justifie la réforme comme un acte de souveraineté nationale et de rationalisation des dépenses publiques :
« La CENI bénéficie chaque année d’une subvention de 500 millions de FCFA. Cela pèse lourd sur les finances de l’État, surtout dans un contexte où aucune élection n’est prévue à court ou moyen terme », a-t-il déclaré.
La dissolution de la CENI s’inscrit dans le vaste chantier de refondation institutionnelle engagé par les autorités de la Transition. Le ministre Zerbo affirme qu’en confiant les scrutins à son département, le Burkina regagnera le contrôle souverain et transparent de son processus électoral, tout en se protégeant d’éventuelles manipulations.
Cette mesure n’a pas manqué de susciter des réactions. Sur le réseau social X, l’ex-ministre de la Culture Abdoul Karim Sango s’est montré favorable à la dissolution, estimant qu’il est « incohérent de maintenir une structure électorale coûteuse dans un pays où l’activité des partis politiques est suspendue depuis 2022 ».
En effet, aucune date électorale n’est fixée, et le paysage politique reste gelé, renforçant le sentiment d’un déphasage entre la CENI et la réalité politique actuelle.
La disparition de la CENI ouvre un débat de fond sur l’avenir de la démocratie électorale au Burkina Faso, entre recherche de souveraineté institutionnelle et inquiétudes sur la neutralité des futures échéances électorales.
Une réforme de rupture, qui suscite autant d’adhésions que d’interrogations.






