Le dernier indice de performance portuaire mondial (Container Port Performance Index – CPPI), publié conjointement par la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence, sonne comme un avertissement pour la Guinée : le Port autonome de Conakry recule sensiblement dans le classement 2024, tandis que son concurrent régional, le Port autonome de Dakar, s’affirme comme le nouveau leader en Afrique de l’Ouest.
Longtemps présenté comme une plateforme incontournable de la façade atlantique ouest-africaine, le port de Conakry glisse désormais à la 235ᵉ place mondiale, contre 197ᵉ l’année précédente. Dans la région, il n’occupe plus que la 6ᵉ place en Afrique subsaharienne, perdant ainsi le statut de premier port ouest-africain qu’il détenait depuis plusieurs années.
Ce déclassement intervient dans un contexte international complexe, marqué par les perturbations du commerce maritime mondial — crise du COVID-19, tensions en mer Rouge, ralentissements logistiques — mais surtout par les insuffisances structurelles propres à Conakry : lenteur des opérations, gouvernance perfectible, absence de digitalisation complète des procédures et retards dans la modernisation des infrastructures.
À l’inverse, Dakar récolte les fruits d’une politique volontariste d’investissement et de partenariat. Grâce à une coopération étroite avec des opérateurs internationaux, à la digitalisation poussée des formalités douanières et à une gestion plus fluide du trafic, le port sénégalais devient la nouvelle référence régionale.
Le rapport souligne que cette réussite repose sur une vision stratégique claire et une gouvernance orientée vers la performance, là où Conakry semble encore naviguer entre ambitions et blocages administratifs.
Le CPPI 2025, fondé sur plus de 175 000 escales et 247 millions de mouvements de conteneurs dans 403 ports à conteneurs à travers le monde, montre clairement que la compétitivité portuaire dépend désormais de trois leviers essentiels :
- la digitalisation intégrale des chaînes logistiques,
- la transparence dans la gestion portuaire,
- et les investissements ciblés dans la modernisation des terminaux et outillages.
Or, à Conakry, les réformes engagées restent encore timides et mal coordonnées. Les projets d’extension du terminal à conteneurs, les retards de déchargement et les coûts logistiques élevés continuent de peser sur l’efficacité globale du port, limitant sa capacité à jouer un rôle de hub sous-régional dans un contexte de concurrence de plus en plus rude.
Ce déclassement n’est pas anodin. Il reflète le rétropédalage d’un port qui, malgré son potentiel géographique exceptionnel, peine à capitaliser sur ses atouts naturels. À l’heure où la Guinée ambitionne de devenir une plateforme majeure d’exportation minière et commerciale, l’inefficience du Port autonome de Conakry pourrait compromettre les objectifs de croissance du pays et freiner l’attractivité de sa façade maritime.
Face à la montée en puissance de Dakar, de Cotonou ou encore de Lagos, il devient urgent de repenser la gouvernance portuaire guinéenne, d’ouvrir davantage à la technologie, à la formation et aux investissements stratégiques.
Top 5 mondial des ports en 2024
- Yangshan (Chine)
- Fuzhou (Chine)
- Port-Saïd (Égypte)
- Dalian (Chine)
- Tanger Med (Maroc)
Avec Tanger Med et Port-Saïd dans le top mondial, l’Afrique du Nord confirme sa montée en puissance dans le commerce maritime international, tandis que l’Afrique subsaharienne reste confrontée à des écarts de performance criants.
Par nimba224.com
