Conakry — Depuis quelques jours, une enquête relayée sous le titre sensationnaliste “Le scandale fiscal de CIAO Guinée” circule, alimentant un climat de suspicion autour d’une entreprise qui a pourtant largement contribué à la stabilité du marché alimentaire guinéen ces dernières années. Derrière l’accusation de “5,4 milliards GNF détournés” se cache une démarche confuse, truffée de raccourcis et de contradictions flagrantes. Voici pourquoi cette présentation mérite d’être déconstruite de façon rigoureuse et responsable.
CIAO Guinée, acteur majeur dans l’importation et la transformation des denrées de première nécessité (riz, huile, margarine, mayonnaise), évolue dans un secteur hautement stratégique, soumis à une double pression : garantir la disponibilité des produits tout en respectant une réglementation stricte. Contrairement à ce qu’insinue l’article, les exonérations dont bénéficient les entreprises opérant dans l’agroalimentaire sont encadrées par des textes clairs, adoptés dans le cadre de la politique de soutien aux couches vulnérables, en particulier en période de crise mondiale (inflation, perturbation logistique, tensions géopolitiques).
Qualifier ces mécanismes de “caisse noire fiscale” relève d’une profonde malhonnêteté intellectuelle.
L’accusation de “5,4 milliards GNF de pertes fiscales” sur quatre ans repose sur des estimations floues, sans source indépendante, sans méthodologie, ni rapport officiel d’audit. Il n’existe à ce jour aucune notification formelle, aucun redressement fiscal, ni même un début de procédure engagée par la Direction générale des impôts ou la Cour des comptes contre CIAO Guinée.
On ne peut sérieusement parler de “stratégie de contournement fiscal” sans éléments factuels vérifiables.
S’il s’agissait réellement d’un “pillage fiscal organisé”, pourquoi aucune institution de contrôle – IGF, Cour des comptes, DGD – n’a tiré la sonnette d’alarme ? La réalité est que CIAO Guinée est soumise à des contrôles réguliers, auxquels elle se conforme sans entrave. L’entreprise n’a jamais refusé de coopérer avec l’administration, contrairement à de nombreux opérateurs qui se cachent derrière des sociétés écrans et des montages offshore bien plus opaques.
Le moment choisi pour publier cette “enquête” soulève des questions. À la veille du référendum constitutionnel, alors que le gouvernement est engagé dans un processus de refondation économique et sociale, on assiste à une multiplication de pamphlets visant des opérateurs clés. Est-ce une coïncidence ? Ou une tentative de fragilisation économique déguisée en combat pour la transparence ?
CIAO Guinée, faut-il le rappeler, emploie plusieurs centaines de Guinéens, contribue à la sécurité alimentaire nationale, et participe aux efforts de résilience contre la flambée des prix mondiaux. La présenter comme un agent de “colonisation interne” est non seulement exagéré, mais dangereux pour la paix sociale.
En réalité, cette affaire relève davantage d’une entreprise de déstabilisation politique et économique que d’un véritable travail d’investigation. Elle repose sur un narratif populiste et émotionnel, qui amalgame importations, exonérations, et supposées complicités politiques sans jamais apporter une preuve concrète.
Il ne s’agit pas ici de blanchir qui que ce soit – toute entreprise doit être redevable. Mais de rappeler que dans un État de droit, les accusations doivent être étayées par des faits, pas par des suppositions.
La transparence fiscale est un pilier de toute économie saine. Mais elle ne doit pas être instrumentalisée pour nourrir des règlements de comptes politiques ou pour discréditer, sans preuve, des opérateurs stratégiques. CIAO Guinée mérite d’être jugée sur ses actes réels, pas sur des fictions éditoriales. Le journalisme d’investigation ne peut se substituer ni à la justice, ni aux institutions de contrôle.
« La rumeur peut nuire. La vérité construit. »
Par Ousmane Bangoura – 628590059






