Fin de cavale judiciaire pour Mamadou Mounir Diallo, cambiste bien connu du marché de Madina, désormais condamné à trois ans de prison ferme par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). En cause : un abus de confiance portant sur 4 milliards 600 millions de francs guinéens, un dossier à tiroirs qui a épuisé toutes les voies de recours. La décision rendue par le juge de l’application des peines est définitive.
Face à la justice, Mamadou Mounir Diallo n’a jamais nié les faits. Tout au long de la procédure, devant la chambre de jugement puis en appel, il est resté silencieux sur les accusations.
« La première décision est sortie, il n’a pas contesté. La deuxième aussi. Il n’a jamais fait appel. Même lorsque j’ai lancé une procédure de contrainte par corps, il n’a rien dit », a rappelé Me Lanciné Diabaté, avocat d’une des sept parties civiles.
Ce silence a pesé lourd. Et aujourd’hui, la justice le tient. Après avoir bénéficié en octobre dernier d’un moratoire de six mois, Diallo devait verser une caution de 500 millions GNF. Il n’en a rien fait. Pire encore, aucun remboursement n’a été amorcé.
Lors d’une audience, le cambiste avait proposé de rembourser sa dette à raison de 5 millions GNF par mois. Une offre balayée d’un revers de main par les parties civiles.
« Il ne s’agit pas d’un crédit ou d’un prêt. Il a encaissé le montant total en devises. Avec un remboursement mensuel de 5 millions, il lui faudrait plus de 76 ans pour solder sa dette », a ironisé Me Diabaté.
Pendant ce temps, les plaignants, eux, font face à une pression croissante de leurs propres partenaires commerciaux, alors que le prévenu est désormais retourné à la maison centrale de Conakry.
De son côté, la défense dénonce une requalification abusive du dossier.
« Ce n’est pas une affaire pénale, c’est un litige purement civil entre commerçants. La CRIEF ne devrait pas être compétente dans ce cas », soutient Me Mohamed Abou Camara, avocat du prévenu.
Selon lui, l’incarcération de son client compromet toute perspective de remboursement, arguant qu’« un homme en prison n’a ni liberté de mouvement ni moyens pour mobiliser une telle somme ».
Cette affaire met une nouvelle fois en lumière la fragilité des transactions dans le secteur informel de la monnaie, où d’énormes sommes circulent sans garantie réelle. Avec 4,6 milliards GNF perdus et un accusé en prison, la confiance entre partenaires économiques en prend un coup.
Le verdict est tombé : trois ans ferme et une obligation de remboursement intégral. Mais dans les faits, les victimes risquent d’attendre longtemps — si ce n’est éternellement — pour revoir la couleur de leur argent.
Par nimba224.com






